Sur Youtube, quand le “business entre potes” vire au “boy's club”

Mcfly et Carlito, Squeezie, Inoxtag… seulement des hommes dominent les audiences du divertissement sur Youtube. Dans leurs vidéos, ils alimentent un entre-soi masculin, dont les femmes sont exclues. Enquête.

Par Benjamin Moisset · Publié le 13 mars 2025

Voilà des youtubeurs fiers de leurs origines viriles. Mcfly et Carlito ont plus de sept millions d’abonnés et ils ont fêté fin janvier les dix ans de leur chanson « Il a mis son sexe » — un tube qui leur a permis d’éclore quand ils étaient dans la société de production Golden Moustache. Cette chanson est à l’image de cette période où « tout a changé » pour eux, comme ils aiment à se le remémorer en vidéo. Un moment où, dans l’équipe de Golden Moustache, ils étaient connus pour leur humour potache. L’un de leurs « tops à l’époque en termes de vannes » selon Carlito ? Montrer ses « couilles » pendant « des discussions de boulot » à « des gens pas du tout consentants », comme lors de la soirée anniversaire de l’entreprise. Mais encore ? Choisir la poubelle de l’open space en guise de toilettes et y déféquer pendant une réunion de travail.

C’était « la même bêtise [qu’aujourd’hui] mais encore plus illégale » dit Carlito. Car, désormais, le duo règne, avec quatre autres hommes, Squeezie, Michou, Inoxtag et Amixem, sur la plateforme où l’amusement domine les statistiques. Ensemble, ils cumulent plus de 50 millions d’abonnés – sans compter leurs communautés sur d’autres réseaux sociaux. Et « ils ont créé un business entre potes souvent excluant pour les femmes », selon Bastien Louessard, maître de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord et spécialiste de Youtube. Il suffit, pour le comprendre, de regarder le classement des youtubeurs de divertissement avec les plus d’abonnés. La première femme, Natoo, arrive à la vingtième position.

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Car Mcfly et Carlito ont exclu des femmes sur leur chemin. Pour le comprendre, il faut revenir au moment où le duo se lance en dehors de Golden Moustache, en 2017. Ils misent à ce moment sur un concept : le « Feat and Fun »« inviter et s’amuser » en français. En un an, après s’être lancés sur ce créneau, ils passent de 150 000 abonnés à 2,5 millions. Un succès fulgurant largement dû aux « Feat and Fun ». La raison ? Inviter un youtubeur connu sur sa chaîne, amène une nouvelle communauté, et décuple ainsi les audiences. Désormais, ce concept domine dans le divertissement sur Youtube. Chez Squeezie par exemple, deuxième youtubeur français, les trois-quarts de ses vidéos en 2024 étaient avec des invités, faisant en moyenne 30 % de vues en plus que celles en solitaire.

18 % de vidéos avec une femme

Mais le contre-coup, c’est un entre-soi masculin. Par exemple : jamais aucune femme n’a été invitée dans la cultissime série de vidéos « Concours d’anecdotes » que Mcfly et Carlito ont animée jusqu’en 2022. Ce concept compte pourtant une dizaine d’épisodes et cumule plus de 130 millions de vues. Le président Emmanuel Macron, l’astronaute Thomas Pesquet, l’humoriste Gad Elmaleh, le musicien David Guetta… seulement des hommes ont été conviés pour raconter de vraies (ou fausses !) anecdotes de vie. Et ce n’est pas un cas isolé : dans les séries « On appelle des gens au hasard » (11 épisodes, 150 millions de vues) ou « Mario Carte Bleue » (8 épisodes, 100 millions de vues), il n’y a eu à chaque fois qu’une femme et la même, la youtubeuse Natoo.

Une époque révolue ? En 2024, Mcfly & Carlito ont invité (au moins) une femme dans seulement un quart de leurs vidéos, d’après nos calculs. Conclusion : leur chaîne reste très masculine… comme chez les autres youtubeurs coutumiers du « Feat and Fun » : Inoxtag, Amixem, Squeezie et Michou. Ensemble, ils dominent le classement par abonnés et ils reproduisent le même type de contenu, marqué par des invitations, des concepts à gros budgets et des millions de vues. Nous avons alors étudié leurs productions en 2024 – soit plus de trois cents vidéos. Résultat : juste 18 % de leur contenu n’était pas entre hommes.

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Le plus mauvais élève, c’est Amixem. Le youtubeur de 34 ans, dont le pseudo est une anagramme de son prénom Maxime, compte 8,9 millions d’abonnés sur sa chaîne. C’est un ancien de la plateforme qui connaît encore de grands succès, comme avec sa série sur les jouets LEGO, avec un concept simple – construire la Tour Eiffel, le Titanic ou le Colisée – et jusqu’à 20 millions de vues par volet. Mais après avoir regardé la soixantaine de vidéos publiées par Amixem en 2024, selon notre méthode, le constat choque : il n’y a eu aucune femme invitée sur sa chaîne. Et aucun changement depuis. Ses vidéos en 2025, jusqu’à la publication de notre article, sont uniquement masculines. Malgré nos sollicitations, Amixem et son agence n’ont pas souhaité nous répondre.

"Attention disclaimer, ce sont trois garçons"

Amixem avait réfléchi à ce risque. Sans y remédier. « Attention, disclaimer, ce sont trois garçons », avait-il prévenu dans une vidéo où il présentait ses acolytes permanents. Car, s’il s’est retrouvé dans un si important entre-soi masculin, c’est qu’Amixem a souhaité rentabiliser le concept du « Feat and Fun » au maximum… au point de titulariser trois camarades pour ses vidéos, Thomas Deseur, Yvan Casta et Étienne Jouneau. Il a ainsi choisi trois hommes malgré la réception, selon ses dires, d’environ 3 000 candidatures féminines. Et d’en conclure dans sa vidéo : « Je remercie beaucoup les filles qui ont participé, la porte n’est pas fermée, potentiellement il y aura l’ouverture d’un quatrième poste ». Six ans après, Amixem n’a recruté aucune femme et il a l’un des pires bilans en matière de présence féminine.

Un « bad buzz » fructueux

Ce manque criant de femmes, Squeezie l’a reconnu. C’est la star du divertissement sur la plateforme, avec 20 millions d’abonnés, et sa parole est cruciale : « Si Squeezie bouge, tout le monde bouge » pense la vidéaste Lapeint, ayant réalisé la première importante étude sur le sujet, le 26 février 2024, nommée « Chers YouTubeurs vous déconnez un peu là… » Alors, quand Squeezie est interrogé par le journaliste Hugo Décrypte, en janvier 2024, l’espoir grandit. A ce moment, Squeezie admet la situation et cherche des explications : ce milieu est masculin parce qu’il « s’est construit pendant des années autour du jeu vidéo » et que, désormais, des créateurs « ne veulent pas en inviter [des créatrices] parce qu’ils savent qu’il va y avoir des critiques à leur égard et ils ne veulent pas se sentir responsable de ça. »

La remise en question ce sera pour plus tard… après un « bad buzz ». Le tollé arrive en mai 2024 alors que Squeezie était absent de Youtube depuis trois mois « histoire de se reposer, d’avoir les idées au clair, d’avoir de l’inspi aussi » selon ses termes en vidéo. Pour annoncer son retour, il a publié une bande-annonce avec les extraits de ses contenus à sortir : le musicien DJ Snake, l’acteur Omar Sy, le streameur Gotaga, les humoristes Éric et Ramzy… seulement des hommes. « C’est à ce moment-là que j’ai arrêté de regarder la chaîne de Squeezie, j’adorais son contenu mais ça m’a complètement refroidie », continue la vidéaste Lapeint. Après ce retour de Squeezie en mai, il faut attendre octobre, soit cinq mois et une dizaine de vidéos, pour voir une femme avec un rôle principal sur sa chaîne. Il s’agissait de l’actrice Adèle Exarchopoulos pour la promotion du film « L’amour ouf ».

« Squeezie le sait »

« Je ne suis pas du tout irréprochable » finira par lâcher Squeezie dans une interview avec la journaliste Elise Lucet en octobre 2024. Au sujet de l’entre-soi masculin, il s’est justifié : « Tu invites des gens avec qui dans la vraie vie tu es méga pote (…) qui ont plein de choses en commun avec toi, donc très vite c’est que des mecs ». Mais, avec près de cinquante invités en 2024, dont l’acteur et réalisateur Alain Chabat ou le nageur olympique Léon Marchand, il est difficile de savoir si celui qui est à la tête du divertissement sur Youtube est « méga pote » avec chacun d’entre eux. L’écho est le même du côté de son agence, nommée Bump, qu’il a lui-même fondée, gérant au-delà de sa carrière plus de 70 chaînes Youtube, dont celle de Mcfly & Carlito. « Dans ce teaser, il y aurait pu avoir plus de femmes et Squeezie le sait, nous concède Josh Roa, à la tête de Bump. Mais le problème vient aussi de la plateforme qui pourrait pousser davantage les créatrices. »

Le secteur se défausse ainsi. Pour Youtube, il n’y a pas de « démarche volontaire d’exclusion » ou d’ambiance « cour de récré » chez les créateurs, selon son communicant Charles Savreux. L’entreprise renvoie surtout la responsabilité aux utilisateurs qui pourraient « donner plus d’attention aux créatrices. » « Le mode de consommation sur Youtube est masculin et les créateurs de contenus y répondent, tout simplement » corrobore Cathy Serrat, agente de Natoo. Par ailleurs, la première youtubeuse française refuse régulièrement des invitations – par manque de temps ou d’envie – et veille toujours à atteindre la parité dans ses vidéos, nous dit Cathy Serrat.

L’esprit shōnens

Le problème semble tout de même plus profond. « Chez certains, au-delà des invitations, il peut y avoir des problèmes sur le contenu » estime Diane Ataya, ancienne co-présidente des Internettes, association visant à plus de visibilité des femmes sur Youtube, qui assume le terme de « boy’s club » pour qualifier l’entre-soi du divertissement. Pour détailler, elle cite, parmi d’autres, la série de vidéos « Le Pire Date » par Squeezie. C’est un concept où le but est d’imiter l’exercice du « speed dating ». A chaque épisode, à une exception près, il a invité trois hommes pour s’entraîner à draguer des actrices. « J’avoue ne pas avoir regardé la dernière vidéo de cette série, continue Diana Ataya. Parce que, j’ai envie de me marrer sans me prendre la tête, sans entendre des vannes graveleuses que j’ai déjà entendues sur mon lieu de travail ou dans la rue. »

Miniatures de la série de vidéos « Le Pire Date » par Squeezie

Si Diane Ataya est passée outre, c’est aussi à cause de la présence d’Inoxtag. Le youtubeur subit lui aussi des critiques sur son contenu masculin. Inès Benazzouz, de son vrai nom, a sa place dans le cercle fermé du divertissement. À 23 ans, il frôle les neuf millions d’abonnés sur sa chaîne et a récemment rencontré un large écho avec son documentaire « Kaizen », sorti en septembre 2024 – 40 millions de vues. C’est un long format, diffusé en salles de cinéma et sur Youtube, où le spectateur suit l’ascension par Inoxtag de la plus haute montagne du monde, l’Everest et ses 8 849 mètres.

Kaizen : c’est un titre masculin. En japonais, le mot signifie « s’améliorer jour après jour » et se réfère aux « shōnens. » Ce sont les mangas destinés aux garçons où le dépassement de soi est prôné – en opposition aux « shōjos », destinés aux filles, où les relations humaines et les émotions dominent le récit. Inoxtag l’évoque dès l’introduction de son documentaire, pour justifier son ascension : « J’ai toujours été impressionné par ceux qui se dépassent et je pense que ça vient des mangas que je lis depuis que je suis petit. » Et tout au long du documentaire, il porte un chapeau jusqu’à l’amener en haut de l’Everest. C’est celui de Luffy, le personnage principal du plus célèbre des « shōnens » : One Piece. Aussi, pendant deux heures et demie, Inoxtag est entouré d’hommes : sa mère est la seule femme présente. Et, même quand il se projette à la fin du documentaire dans un moment émouvant sur son futur enfant, c’est uniquement au masculin : « Mon fils va voir que son père a monté l’Everest ».

« Propager une culture masculine »

Inoxtag assume sans détour. « Dans la vie, naturellement, je suis pote avec les garçons parce que j’ai les mêmes délires » a-t-il répondu tout simplement dans un échange avec la streameuse AVAmind en janvier 2025. Et d’accentuer son propos : « J’ai pas beaucoup de potes filles. » Dans la même veine, il a également réitéré ses regrets sur son dérapage sexiste lors d’un événement caritatif en 2021. En direct à ce moment, il avait invité l’actrice mexicaine Andrea Pedrero et lui avait adressé des « je suis encore puceau et c’est moi qui vais la soulever » ou « j’ai le braquemart à fond ». Ne parlant pas français, Inoxtag lui avait aussi fait répéter « Inès [son prénom] tu as une grosse bite. » Et, quand la streameuse Ultia s’était indignée de ses propos, elle avait subi une vague de cyberharcèlement en retour, aboutissant à la condamnation de trois personnes ce 12 février.

L’ambiance virile se propage. « C’est du contenu qui semble fait par des mecs et pour des mecs, selon Martine Delvaux, professeure en études féministes à l’Université du Québec à Montréal. Et peu importe que ce soit sur le mode de l’humour inoffensif ou que ce soit carrément toxique, il y aura une transmission » chez les personnes qui regardent ces contenus. L’enjeu est conséquent : en moyenne, les Français passent plus de 30 minutes par jour sur Youtube, d’après l’étude Comscore Video Metrics publiée en 2022. L’autrice du livre « Le boys club » (Les éditions du Remue-Ménage, 2019) imagine que, par ce biais, les youtubeurs de divertissement forment un « boy’s club » : « Ils vont propager une culture masculine chez les consommateurs, qui vont être amis et qui vont entretenir le même genre de rapport. »

« J’étais assez effacée sur ce tournage »

Dans ce cercle fermé, la place des femmes est rare. Déjà, il y a dix ans, la youtubeuse Natoo a soulevé le problème. A peu près à la même époque où Mcfly déféquait dans une poubelle et montrait ses « couilles » en public, Natoo publiait une vidéo avec Carlito qui concernait… « Les femmes sur Youtube ». Elle y critiquait le « peu de femmes qui font des vidéos humoristiques », évoquait les « commentaires sexistes » reçus ou les remarques imputant sa réussite à celle de son compagnon de l’époque, Kemar, youtubeur aussi. Au fil des minutes, elle ironisait sur sa fierté d’être la première youtubeuse française tout en rappelant qu’elle n’avait qu’une  concurrente, Andy – tous les autres étant des hommes, comme aujourd’hui.

Il y a une ou deux femmes qui rentrent dans ces boy's club mais à quel prix ?

La génération suivante pointe les mêmes sujets – toujours peu de femmes, toujours des commentaires sexistes. Et quelques améliorations… qui permettent d’en entrevoir de nouveaux, comme le temps de parole. La vidéaste Baghera, qui se définit dans sa biographie sur X, de manière ironique, seulement par rapport à un homme (« Je suis dans un nombre incalculable de vidéos de Squeezie ») s’est exprimée récemment sur le sujet. Invitée – justement – dans l’une des peu fréquentes vidéos de celui-ci avec une femme, Baghera a apporté son ressenti : « J’étais assez effacée sur ce tournage. » C’est parce qu’elle n’osait pas s’imposer en coupant la parole aux autres personnes présentes dans ce contenu, a-t-elle expliqué.

Nos chiffres le montrent – après avoir visionné les 47 minutes et 6 secondes de la vidéo citée. En moyenne, les deux femmes invitées, Baghera et Natoo, parlent presque moitié moins que les deux hommes, Joyca et Maxime Biaggi – en enlevant Squeezie du décompte car, comme hôte, il est plus appelé à s’exprimer. « Cela montre bien les mécanismes d’invisibilisation des femmes qui se reproduisent sur YouTube, explique Emma Gauthier, doctorante à l’Université Gustave Eiffel, en passe de finir une thèse sur la visibilité des femmes sur la plateforme. Il y a une ou deux femmes qui rentrent dans ces boy’s club mais à quel prix ? » Il faut avoir le même humour, les mêmes références ou une certaine féminité, nous explique Emma Gauthier.

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À marche forcée

La solution ? C’est en partie la sororité pour Cordélia Flourens, ancienne employée de la plateforme où elle a lancé le programme « Elles font Youtube » en 2016. Elle avait échangé avec de nombreuses créatrices à travers les résidences, ateliers, rencontres et apéros qu’elle organisait autour de ce programme. A son époque, « des créatrices de contenus à l’intérieur de collectifs [de vidéastes] se plaignaient de n’avoir jamais la possibilité d’écrire ou de réaliser, d’être toujours cantonnées aux rôles secondaires ou de petite amie », dit-elle. Dans le même temps, Cordélia Flourens se rappelle que d’autres créatrices de contenus se « sentaient plus en sécurité en étant dans un collectif ». Pour pallier ces sentiments contraires, elle avait instauré des espaces de non-mixité, comme des résidences d’écriture ayant lieu chaque année.

C’est une époque préhistorique dans l’espace-temps d’Internet. Entre-temps, Cordélia Flourens a quitté l’organigramme de la plateforme. Et l’association Les Internettes, créée au même moment que « Elles font Youtube », a été dissoute. Sans « l’énergie ni le temps » et, surtout, en étant « las du manque de reconnaissance des institutions et de la presse/du public », elles avaient annoncé arrêter leur bataille en mars 2024. Marie Camier Théron, cofondatrice de l’association, garde pourtant espoir. « Maintenant, les youtubeurs ne peuvent plus faire comme si ce sujet n’existait pas » pense-t-elle, continuant son combat comme productrice et avec son programme Bet’Her, pour la création féminine.

Comme ça, je suis pas considéré comme misogyne

La situation s’améliore à marche forcée. Même si Webedia, qui gère les chaînes d’Inoxtag (8,9 millions d’abonnés) ou de Joyca (6,5 millions), s’en défend. « Chez nous, il n’y a pas d’espèce de discrimination positive » nous dit Yohan Bravo, à la tête de la branche « influence ». Il évoque tout de même l’un de leur créateur, Nico La et son demi-million d’abonnés. L’agence lui a récemment conseillé d’inviter la vidéaste Cocotte, qui a l’avantage d’être une femme. Il « avait besoin de personnalités qui se complétaient » pour « varier » les profils, explique Yohan Bravo, alors que le casting était exclusivement masculin à l’origine. Finalement, à l’écran, Nico La explique qu’il a convié le youtubeur Michou – « pour capter le buzz » – et sa camarade Cocotte – « pour la parité » et « comme ça, je suis pas considéré comme misogyne ».

Des indignations ont aidé. Désormais, le message s’impose dans d’importantes productions, passant les épreuves d’autocensure, d’écriture et de montage. Comme ce 15 février où, dans une vidéo de Mastu (6,5 millions d’abonnés), la star de l’influence Léna Situations n’a pas hésité. Dès les premières minutes de la vidéo, elle a enchaîné : ce format « c’est pas un truc de mecs d’habitude ? » ou « est-ce que je suis ton quota féminin de l’année sur Youtube ? » Le résultat : un youtubeur confronté devant quatre millions de spectateurs à l’entre-soi masculin qu’il forme avec ses camarades du haut du classement. Mais avant ses justifications, tout aussi louables soient-elles, sa première pensée a été pour lui : « T’as voulu m’abattre avec cette question. »